L'objet comme lieu d'étonnement : l’inachèvement en tant que qualité esthétique

Name: L'objet comme lieu d'étonnement : l’inachèvement en tant que qualité esthétique
Start: 2025-11-14T19:00:00-05:00
Location: 371 Rue du Pont, Québec, QC G1K 6M5, Canada

Schedule

Fri, 14 Nov, 2025 at 07:00 pm

UTC-05:00

Location

371 Rue du Pont, Québec, QC G1K 6M5, Canada | Quebec, QC

C’est avec beaucoup de joie que je vous invite à venir découvrir mon exposition de fin de maîtrise !
Une occasion de découvrir le fruit de ces deux dernières années de recherche et de création, et de partager ce moment avec vous.
Le vernissage aura lieu vendredi le 14 novembre à partir de 19h à la galerie Critérium. L’exposition est ouverte au public à partir du 10 jusqu'au 15 novembre.
Au plaisir de vous y voir !
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La sensation d’étonnement ne se réduit pas à être surpris devant l’inattendu, ni à ce processus contemplatif. Elle provient d’une attention soutenue devant un phénomène ou les choses ordinaires : « c’est-à-dire l’engagement [ actif ] du sujet dans un processus de réflexivité et d’expérimentation face à l’étrangeté d’un phénomène ou d’une situation rencontrée » (Thievenaz, 2016).

Ma pratique artistique s’inscrit dans une approche à la fois empirique et intuitive. Je ne me contente pas de joindre différents matériaux, textures, ou formes. Je crée un espace où ils coexistent, s'hybrident et se repoussent, engendrant une dynamique propre. Par une économie de moyen, je construis des sculptures qui ne cherchent pas une harmonie figée, mais un eﬀet de mouvement constant. Mes œuvres forment ainsi un état d’équilibre instable par lequel il semble s’y trouver une liaison partielle et parfois une séparation, mais à la limite de la séparation. Passant de l’un à l’autre. Ma pratique artistique se développe dans une logique où le processus de création est pensé en termes de connexion. Ces connexions prennent vit à partir de combinaisons de matériaux et de techniques d’assemblage improbables, que l’on ne penserait naturellement à associer.

Ma recherche a d’abord pris forme dans l’atelier pour ensuite réfléchir et observer ce que j’ai produit. J’ai exploré la construction d’objet dans l’immédiat, c’est-à-dire que je créer avec les matériaux et les matières qui se trouvent devant moi. Je cherche donc à créer en acceptant la complexité et en m’adaptant rapidement aux exigences changeantes des matériaux. J’ai étudié principalement la sensation d’étonnement devant les choses ordinaires à travers l’expérience de l’esthétique brute qu’offre mes sculptures. Je m’intéresse à la manière dont mes objets, construits à partir de matériaux recyclés, génèrent une impression d’inachèvement : celle-ci ouvre un espace d’ambiguïté entre ce que l’on pourrait l’imaginer être et sa forme visible. Ce qui semble lui « manquer » est en réalité ce qui lui donne sa force – une condition d’existence. J’essaie d’éclairer de quelles manières mes œuvres échappent aux certitudes, à partir d’une sensation personnelle du monde :

Mon regard se pose sur l’ordinaire : ce qui est banal et ce qui peut passer inaperçu, mais qui, pour moi, ouvre un espace beaucoup plus large. Ces moments anodins m’amènent à ressentir une forme d’étonnement. Cet état n’est pas une simple sensation. Il est une expérience plus profonde qui m’amène à créer des sculptures précaires, brutes et parfois chaotiques. Je vise donc à éclairer des enjeux abstraits qui rendent possible et favorisent le sentiment d’étonnement lorsque nous faisons l’expérience de mes œuvres. Mon travail dans l’immédiat est caractérisé par cette esthétique brute, voire « trash » qui est pour moi une forme de langage qui permet d’arriver à l’expérience de l’écart, de rendre possible un état instable : qui n’est pas figé. Cette esthétique permet de maintenir l’objet dans une tension active, un entre-deux : comme s’il était toujours en train de devenir. Il rend possible une forme de présence singulière et ambivalente qui agit sans se donner comme un message à décoder.