Le Retour des Empires et l’Avenir des Nations, Chine, Russie, États-Unis, T

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Depuis la fin de la guerre froide et la disparition de l’Union soviétique, beaucoup ont cru assister à une étape définitive d’un long processus entamé au lendemain des deux guerres mondiales : la dissolution progressive des empires. Malgré la persistance des États-Unis en tant que seul empire aux yeux de certains, et la continuation des études sur les empires historiques, on a tendance à considérer que l’empire relève d’une forme politique du passé. Le terme n’était plus qu’une métaphore floue, utilisée occasionnellement pour analyser et critiquer certains phénomènes de la mondialisation capitaliste et l’hégémonie américaine, entre autres.
Or, aujourd’hui, nous assistons au phénomène du retour des empires — ou du moins, à des tentatives explicites de reconstruction impériale et de réhabilitation d’une grandeur impériale passée. Ce retour s’accompagne de conflits violents, de guerres ouvertes et de menaces graves pour la paix et la stabilité régionales et mondiales. L’ordre international, bâti au cours des huit dernières décennies, vacille sous le choc.
Dans quelle mesure ce renouveau impérial est-il le fruit des évolutions internes propres à certains États – Chine, Russie, États-Unis, Turquie pour ne citer qu’eux – mêlant héritages historiques et tensions contemporaines ? Dans quelle mesure s’agit-il d’une réaction contre les impasses du système des États-nations, incapable de faire face aux défis imposés par la mondialisation ? Quel impact ces projets impériaux auront-ils sur la gestion des crises globales ? Quel rôle les nations, en tant que communautés politiques et identitaires, peuvent-elles jouer dans cette dynamique : résisteront-elles à la tentation impériale ou verrons-nous une recrudescence de nationalismes exacerbés ?
Il faut également s’interroger : comment défendre et renouveler les principes de la démocratie pour qu’ils ne soient pas éclipsés par le retour séduisant, mais dangereux, du rêve impérial ? Quelle est la relation entre ces nouvelles ambitions impérialistes et les technologies de pointe – intelligence artificielle, réseaux de communication, surveillance de précision ? Ce mouvement vers la refondation des empires est-il condamné à l’échec, ou bien s’achemine-t-on vers une nouvelle configuration du monde, structurée en blocs impériaux concurrents ?
Enfin, face à cette tendance, quelle place pour l’Europe ? Née précisément d’un refus des logiques impériales et d’un dépassement de l’État-nation, l’Europe peut-elle offrir une autre vision du monde, fondée sur la liberté, la responsabilité et la multiplicité des cultures ? Peut-elle incarner et promouvoir une alternative crédible face à cette régression ?
Autant de questions cruciales qui appellent une réflexion collective. C’est dans cet esprit que nous proposons cette première journée d’études. Conscients de la complexité du sujet, nous concevons cet événement comme une première étape, un prélude à une série de rencontres futures que nous espérons plus approfondies et thématiques, autour de cette question du retour des empires pour l’avenir de l’humanité.

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